Pour la qualité au cœur de toute entreprise, Sylvia Adjoa Hundt-Aquereburu peut faire tout. Femme d’affaire et première femme Notaire du Togo, elle est convaincue que c’est par ce seul moyen que les entreprises dirigées par des femmes pourront connaître une éclosion.
Sylvia Adjoa Hundt-Aquereburu, notaire et femme d’affaires togolaise (Crédits : DR)
Emmanuel Atcha
Sylvia Adjoa Hundt-Aquéréburu est une battante. Et ses occupations journalières prouvent à suffisance qu’elle est une féministe de premier rang. Membre du Conseil d’administration du Conseil national du patronat du Togo (CNP) et du Conseil national du dialogue social (CNDS), Secrétaire du bureau exécutif de la chambre consulaire et régionale de l’Uemoa (CCR-UEMOA), sa notoriété ne souffre d’aucun doute au Togo et même au-delà des frontières.
Sylvia Adjoa Hundt-Aquéréburu s’est très tôt forgée une attitude responsable : faire de bonnes études, travailler assidument et réussir, afin de marquer son identité de dernière-née dans une famille de cinq filles. Une détermination qui ne l’a jamais quitté, si ce n’est qu’aujourd’hui, elle y a ajouté la notion de partage.
Accompagner l’entrepreneuriat féminin
Ardent défenseur des droits de la femme et combattante des droits successoraux polygamiques, Adjoa fait partie des togolaises influentes. Aujourd’hui, elle est à la tête de l’Association des femmes chefs d’entreprise (AFCET), un ensemble de plus de 25 entreprises qui opèrent dans la petite industrie, l’architecture, la prestation de services, le conseil ou encore le commerce.
Il s’agit de l’une de ses plus grandes réussites. Sous sa direction, le travail de plaidoyer pour plus de places aux femmes dans les instances de décision continue de plus belle ; à telle enseigne que l’association collabore aujourd’hui, aux prises de décisions et aux grands événements du secteur privé.
L’Afcet a initié un projet pour accompagner les femmes du secteur informel en vue de les amener à l’économie formelle. Ce programme reste difficile à gérer pour Me Hundt- Aquereburu, nonobstant sa bonne volonté et son engagement. Convaincre des personnes qui ont toujours prospéré dans l’informel, de génération en génération, de rejoindre, du jour au lendemain, le monde formel n’est pas une chose aisée. « Jusqu’à présent nos discours restent vains, car ce n’est pas encore ancré dans leurs mœurs de se faire connaître des services de l’Etat. Pour elles, c’est le commerce, rien que le commerce, réaliser des bénéfices pour subvenir aux besoins de leurs familles, même sans l’apport de leurs époux », a-t-elle expliqué.
Et pourtant, estime-t-elle, tous discours très simples susceptibles d’être compris sont tenus, en leur montrant tous les avantages qu’elles peuvent tirer du formel. En exemple : la disparation des tracasseries de la part des services de l’impôt et des agents du ministère du Commerce, crédits bancaires, avantages fiscaux, etc. De ce fait pour la première femme notaire au Togo l’avenir de l’entrepreneuriat féminin dans son pays dépend plus de la détermination de la femme togolaise elle-même. Le soutien de l’Etat deviendrait donc un atout. Ce soutien pourrait être par exemple que l’Etat mette en place des subventions pour alléger certains droits de douanes et taxes et qu’il mette sur pied des fonds de soutien aux PME. « Nous voulons constituer le patronat féminin, qui devra avoir un grand poids dans la balance de l’économie togolaise », dixit Sylvia Adjoa Hundt-Aquereburu, présidente de l’Afcet. Et pour cause les femmes togolaises ont réalisé de grandes percées aussi bien sur le plan national qu’international, grâce à leur dynamisme leur ardeur au travail leur esprit de créativité et l’entreprise.
Une femme sur tous les fronts
C’est après son 3ème cycle en droit, suite à une analyse de la profession d’avocat qu’elle n’aimait pas, qu’elle s’est découvert le talent de notaire. « Le contentieux mais la procédure amiable », livre-t-elle, en résumant son envie. Me Hundt devient donc notaire en 1981. « Pour moi, c’est le beau métier du monde ! Nous sommes pour la paix des familles, la protection de la veuve et de l’orphelin, la sécurisation des patrimoines, nous assistons l’être humain du début à la fin de sa vie. Le notaire pétrit de la pâte humaine et nous prévenons les conflits dans les familles comme dans les affaires », aime-t-elle dire.
Elégante, dynamique et affable, Me Hundt-Aquereburu dirige l’une des plus anciennes Etudes notariales du pays, et se rappelle toujours, avec nostalgie, ses débuts dans les années 1980, quand il n’y avait que quatre gardiens des lois dont elle, jeune femme fraîchement sur le terrain. Les années passent et ce corps de métier s’est agrandi de 73 notaires dont 37 femmes, aujourd’hui.
Mais évidemment, le nombre sans cesse croissant des notaires n’a rien enlevé à la réputation de Me Sylvia Hundt-Aquereburu. Au contraire, à ce jour elle reste l’une des plus réputées du pays. « Mon cabinet a décidé de passer le cap en intégrant, dans son mode de fonctionnement, des critères exceptionnels de qualité de service envers les clients. Ceci induit la réduction des délais de traitement des dossiers relevant de notre compétence, le développement d’une veille normative et réglementaire au sein de l’officine, la sensibilisation et la formation de notre équipe de dix personnes à la démarche qualité », confie-t-elle. Un engagement qui lui a valu la certification ISO 9001 V 2008 en 2009 pour la qualité de ses prestations, certification délivrée par l’organisme AFNOR Certifications. Ses efforts vont lui valoir plusieurs récompenses sur le plan national et international.
Présidente de la Renaissance africaine de femmes de l’Afrique de l’ouest-Togo (RAFAO-TOGO) et du Soroptimist International club Lomé 1, premier club service féminin au Togo, ses distinctions sont nombreuses. On retiendra en 2010, le prix togolais de la qualité, le prix de l’excellence, puis le prix Uemoa de la qualité, le prix spécial pour le leadership et le prix spécial pour la réalisation du produit. Toujours dans la même année, elle obtint le Prix Kafour au Benin pour l’entreprenariat féminin. En 2012 c’est le trophée étoile d’or d’Afrique qu’elle se voit décerné. Pour couronner le tout, depuis le 26 avril dernier, Me Adjoa Hundt-Aqueruburu a été faite Officier de l’ordre du Mono par le chef de l’Etat togolais Faure Gnassingbé. Une manière d’honorer les efforts de celle qui, durant toute sa carrière, a réuni ses confrères et consœurs notaires au sein de l’association des notaires du Togo muée, depuis février 2002, en Chambre nationale des notaires du Togo (CNNT).
L’actuel combat de Me Adjoa Sylvia Hundt-Aquereburu est de travailler pour l’amélioration du droit successoral afin que les délais de sortie de succession soient ramenés à cinq ans au lieu des quinze à vingt-cinq ans ordinaires, dans un pays où les hommes sont autorisés à prendre plusieurs femmes, sans obligation ni responsabilité de ces foyers. Aujourd’hui âgé de 65 ans, mariée et mère de quatre enfants, la dame de fer n’arrête pas. Elle continue de se battre et se livrer, démontrant tous les jours son engagement social et son habitude à exiger l’excellence dans toutes ses trouvailles. Emmanuel Atcha :Source la Tribune