Interview Eve de Medeiros Fondatrice de DDESSIN Paris
Dans ce contexte d’incertitudes pour les grands évènements, les salons de proximité tirent leur épingle du jeu de part leur agilité plus grande. C’est le cas pour DDESSIN qui a décidé de reporter et maintenir sa 8ème édition en ce mois de septembre. Eve de Medeiros fondatrice de DDESSIN Paris, nous explique ce qui a motivé sa décision et nous dévoile les temps forts de ce « cabinet de dessin contemporain » qui séduit toujours plus adeptes dans ce cadre intime en plein cœur de la capitale l’Atelier Richelieu. Pour elle le dessin ne se réduit plus à la simple feuille et a su évoluer selon les avancées technologiques, le foisonnement des genres et l’évolution des goûts. Elle poursuit avec talent son rôle de tête chercheuse et de défrichage des scènes proches ou lointaines. Cette année elle s’est associée à Jacques et Evelyne Deret, fondateurs d’ Art [ ] Collector pour proposer une nouvelle action de soutien à la création contemporaine, en réponse à cette crise qui frappe en premier les artistes.
DDESSIN est maintenu, c’est un soulagement et signal fort, quels arbitrages et aménagements vous ont permis de prendre cette décision ?
Nous avons su rester patients, voir évoluer la situation avant de nous engager fermement sur une date de report, et élaborer un protocole d’accueil adapté à la situation sanitaire.
Grâce à une communication étroite avec chacun des acteurs du projet – avec les exposants, bien sûr, que nous avons tenus informés à chaque étape de nos réflexions, mais également avec l’Atelier Richelieu, les partenaires, et bien sûr l’équipe -, nous avons pu mettre en place les aménagements nécessaires au bon déroulement de la manifestation.
Nous nous sentons une grande responsabilité vis à vis de nos exposants, et veillons à leurs intérêts en toute circonstance. Il s’agit dans ce cas précis de protéger leur intégrité, tout en leur assurant une possibilité de rebond en sortie de crise. A l’issue de la période que nous traversons, beaucoup de galeries feront face à des enjeux très importants, et j’espère que DDESSIN {20} leur permettra d’envisager l’avenir avec plus d’assurance.
Quels sont les temps forts de cette 8ème édition ?
Cette année, nous proposons un focus sur une pratique qui a trouvé sa place sous les verrières de l’Atelier dès 2013 avec Lucie Picandet, ou en 2015 avec Brankica Zilovic, pour ne citer qu’elles – : le dessin dans l’art textile contemporain. Vous pourrez ainsi découvrir les œuvres de Sabatina Leccia et Alix Waline ou de Frédérique Gourdon, représentées par la galerie spécialisée The Fibery, Paris, ou encore les travaux de broderie de Roxane Kisiel et Margaux Derhy, artistes présentées dans le cadre de la pépinière.
Cette édition propose également une Black Box intitulée « Lignes et mémoire du paysage », des projets curatoriaux autour du lien entre littérature et dessin contemporain, notamment l’artiste Bastien Faudon (Beaux-Arts d’Avignon) et des travaux d’artistes aux techniques novatrices, comme les dessins à la suie de Diane Victor. Nous montrerons ainsi, fidèles à notre mission, que le dessin sort résolument de ses carcans, et ne cesse d’étendre ses champs d’application.
Avec nos partenaires historiques Jacques et Evelyne Deret (Art [ ] Collector), nous avons décidé en réponse à l’impact de cette crise sur les artistes, de proposer une action de soutien à la création sous la forme d’une présentation d’une sélection d’artistes de leur collection qui pourront à cette occasion vendre leurs œuvres pendant la durée du salon dans un espace dédié au 1er étage. Evelyne a choisi Laura Bottereau & Marine Fiquet, Mélanie Delattre Vogt, Mael Nohazic et Mohamed Lekleti. Jacques de son côté a retenu Mara Fortunatovic, Fabien Granet, Eva Medin et Anne de Nanteuil.
En ce qui concerne les exposants, quelle en est la répartition géographique et la part de nouveaux entrants ?
Comme chaque année, nous avons veillé à ce que de très nombreux territoires soient représentés sur le salon. DDESSINPARIS, à travers le dessin, invite toujours ses visiteurs à entreprendre de fabuleux voyages autour du monde, où l’on appréhende la diversité de ses cultures, de ses couleurs et ses reliefs, la richesse de ses symboles et représentations. (Afrique, Amérique du Sud, Amérique du nord, Thailande, Corée du sud).
La manifestation offre en effet la possibilité aux acteurs de l’art de tous les territoires d’exprimer et confronter leurs engagements, leurs idées et inspirations, sources inépuisables de renouvellement dans les pratiques et les thématiques du dessin contemporain.
Nous avons par ailleurs su trouver un bel équilibre entre la part faite aux nouveaux entrants et celle réservée aux exposants qui souhaitaient renouveler leur expérience avec nous. DDESSINPARIS est une manifestation à taille humaine, quasi familiale, et un rendez-vous attendu pour beaucoup de professionnels. Vous retrouverez ainsi pour cet événement de rentrée des exposants présents depuis notre toute première édition.
Votre coup de coeur se porte en faveur de l’artiste rwandais Samuel N’Gabo Zimmer, comment l’avez-vous découvert ?
Mon parcours m’a permis de nouer de nombreux liens dans le réseau des marchands et professionnels de l’art contemporain. C’est une relation rencontrée dans ce cadre qui m’a proposé de visiter l’atelier de Samuel, et d’y découvrir son univers de création. J’ai été séduite non seulement par la qualité graphique et l’originalité technique de son travail, bien entendu, mais aussi par l’engagement profond qui se dégage de ses travaux, et par son histoire, qui résonnent avec les réflexions qui m’animent et le sens que je donne à mon travail.
Nous sommes très heureux de le compter désormais parmi les jeunes pépites présentées pour la première fois sur DDESSINPARIS.
La pépinière d’artistes revient pour sa 3ème édition, quel est le profil des artistes sélectionnés ?
Cet espace a pour but de présenter le travail de très jeunes artistes, et ainsi de mettre en lumière une scène du dessin avant-gardiste, novatrice. Il s’agit en effet de mettre à l’honneur les nouvelles pratiques du dessin contemporain, et ce cru 2020 proposera notamment les œuvres textiles dessinées de Margaux Derhy et Roxane Kisiel, comme nous l’avons mentionné plus haut. L’essor de l’art textile contemporain est un témoignage de l’effervescence et l’émancipation inédites que l’on observe depuis quelques années dans les pratiques du dessin contemporain.
La Pépinière d’artistes 2020 accueillera également les œuvres engagées de Clovis Retif, les travaux sur papier peint de Natacha Ivanova et les dessins énigmatiques de Clothilde Anty.